HISTOIRE DE LA MAGIE DANS LE JOURNAL PIF GADJET |
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Source des textes et photos de Mr Jean-Luc Muller Alias Mandrake qui travaille sur l'histoire de Pif gadget et Vaillant depuis des années. Pour fêter dignement le retour de la magie dans Pif-Gadget, nous avons demandé à Jean-Luc Muller , grand passionné de magie et ancien lecteur de nous concocter un dossier de circonstance : Pif et la Magie. Nous vous proposerons ce dossier en plusieurs parties qui vous permettra de redécouvrir comment était présente la Magie dans le célèbre hebdomadaire. Pour inaugurer cette suite d'articles, vous découvrirez comment la magie est arrivée dans Pif-Gadget... Laissons tout d'abord le soin à Jean-Luc de se présenter. La magie et PIF, toute une histoire ! (1ère partie) Illusionnisme, prestidigitation, tours de passe-passe... autant de facettes pour un art qui fascine les enfants... et les enfants attardés. Dès son origine, Pif-Gadget a su donner à cette merveilleuse discipline une place privilégiée. Il faudrait plusieurs volumes pour raconter et illustrer tout ce que peut représenter la magie aux yeux des enfants, puis plusieurs volumes supplémentaires pour détailler ses diverses représentations dans Pif au fil des années. J'ai souhaité ici donner quelques coups de projecteurs sur plusieurs aspects passionnants de la belle aventure " Pif et la magie", profitant de l'occasion pour dévoiler d'où proviennent certains des tours de magie expliqués aux lecteurs. Ils sont le fruit d'une longue tradition tirée du 19e siècle et cette activité merveilleuse est loin de s'éteindre, si l'on en juge par le nouveau Pif (et notamment son numéro "Spécial magie" de novembre 2004). Je vous raconterai notamment, avec l'aide de Richard Medioni , d'où provenaient les tours expliqués dans Pif-Gadget , à quoi correspondaient les gadgets magiques; je passerai en revue les différentes versions des rubriques "magie" dans le "Journal des jeux" et décrirai les deux grandes opérations de gadgets magiques (en 1973 et 1976). Prêts pour le voyage ? De la magie à Pif - de Pif à la magie Lorsque je découvrais mon premier Pif-Gadget , à l'âge de 6 ans, je venais également de découvrir le monde merveilleux des magiciens. A l'époque (1972), la télévision diffusait une émission intitulée « Passe-Passe », au cours de laquelle Gérard Majax dévoilait quelques trucs faciles à réaliser et en présentait d'autres, qu'il n'expliquait pas. J'avais également découvert un personnage qui allait me suivre longtemps : Robert-Houdin , l'inventeur de l'illusionnisme en tant que spectacle au milieu du 19 e siècle. Et puis un jour, on annonça dans Pif-Gadget une grande série de gadgets magiques !
En 1973, pendant six semaines, le petit garçon que j'étais se laissa enchanter, dans tous les sens du terme. Je devins même un jeune prestidigitateur, lors de mes années de collège, un peu à cause de Pif … J'ignorais alors qu'une vingtaine d'années plus tard je réaliserais le premier (et seul) film documentaire consacré à Robert-Houdin … ni que je rencontrerais cette même année le magicien qui avait animé la série des "magigadgets" ! Travaillant à un projet d'émissions sur la magie en 1995 (qui ne devait pas voir le jour, malheureusement) je fis la connaissance de Jacques Delord , l'une de mes idoles de la magie.
(En 1976, il avait animé ce qui reste sans doute comme la plus belle émission sur la magie, pour FR3 : « les Ateliers du Magicien ». Son univers poétique m'enchantais et je me souvenais que cette année-là, il avait collaboré à Pif pour une nouvelle série de numéros avec gadgets magiques.) … et je découvris également que nous étions voisins, dans le 12 e arrondissement de Paris ! Il n'y a pas de hasard… Cette même année, grâce à Jacques Delord et mon ami magicien vidéaste Axel Dorsay , je rencontrai enfin un vieux monsieur qui m'avait fasciné, tant il représentait pour moi la parfaite illustration du prestidigitateur de music-hall, de cabaret : Jean Delaude . couverture et 4ème de couverture (dédicacée par Jacques Delord ) du livret de magie à découper pour relier les différents chapitres que l'on trouvait dans les 6 numéros Je lui offris une copie d'un numéro de Pif-Gadget auquel il avait participé 22 ans auparavant, ce qui l'émut beaucoup. Le plus troublant, c'est que je réalisais, avec 20 ans d'intervalle, que le titre de mon film (« Robert-Houdin , une vie de magicien ») était imprimé en toutes lettres , pour peu qu'on lise ces 2 pages du « livre magique » ensemble : Extrait des pages détachables du « Grand livre de la Magie », Pif-Gadget n°211. L'article sur Robert-Houdin et celui consacré à Jean Delaude , lus côte à côte… donnent le titre de mon film ! Etrange coïncidence… Jean Delaude nous a quitté en 1999. Il a tout juste eu le temps de m'apprendre un tour et partager quelques-uns de ses souvenirs. Je suis particulièrement heureux que Pif renoue avec cet art merveilleux et propose, dès son quatrième numéro un « Spécial magie ». Que de beaux souvenirs en perspective… Jean-Luc Muller L'interview : Richard Medioni, le fou de magie A tout seigneur, tout honneur : j'ai choisi de commencer par cette interview illustrée de celui qui a le plus contribué à la présence de la magie dans Pif et surtout celui qui a le plus fait pour que cette magie soit de qualité. Pour comprendre d'où viennent les tours expliqués dans Pif et quelle fut la philosophie de leurs initiateurs, une petite interview de Richard Medioni nous éclairera mieux qu'une longue analyse. Il fut, on le sait, membre de la rédaction lors de la dernière année de Vaillant puis rédacteur en chef de Pif-Gadget jusqu'à la fin 1973. Grand amateur de prestidigitation, il fut le principal responsable des rubriques "magie" du "Journal des Jeux" et de la présentation de gadgets magiques. mais sa contribution ne s'arrête pas là... Jean-Luc - D'où vient l'idée de mettre de la magie dans PIF ? Richard Medioni : "Il faut savoir qu'à l'époque, la magie était un concept totalement sous-exploité dans la presse jeunesse. Moi-même passionné de magie, j'ai voulu intégrer des tours expliqués dans le "Journal des Jeux". Dès le début de Pif-Gadget en 1969, on trouvera donc des "trucs" dévoilés, au départ uniquement des choses très simples, des petites astuces, expliqués par du texte et une petite illustration". J.-L. - A quand remonte l'idée du gadget "magique" ? R. M. : "Eh bien, dès le numéro 2 de Pif-Gadget , le "ZIP MAGIQUE" est déjà une adaptation "magique" d'un phénomène de physique très simple. Par la suite, les tout premiers tours d'illusionnisme seront à base de cartes à découper pour réaliser des divinations, etc. (pratiques car faciles à réaliser et encarter dans le journal)".
J.-L. - D'où provenaient les tours ? Qui les choisissait ? R. M. : "Concernant les tours expliqués dans le Journal des Jeux, c'est Géo-Mousseron qui nous amenait régulièrement les tours à publier. C'était un très vieux monsieur que toute la rédaction avait littéralement "adopté" et qui venait nous présenter ses petits tours - bien qu'il ne fût pas du tout magicien ! Il avait chez lui une imposante documentation dans laquelle il puisait. Je dois dire que bien souvent, ses explications étaient assez confuses et il nous fallait tout reformuler ! De mon côté je passais mon temps libre aux puces et dans les boutiques de farces et attrapes et petit à petit j'ai rempli toute une armoire de livres de prestidigitation et des trucs que l'on pourrait adapter dans Pif !" J.-L. - Et les gadgets ? R. M. : "C'est la même chose. L'équipe du gadget était très sensibilisée à la magie. On adaptait les trucs que l'on avait trouvés chez certains créateurs de farces et attrapes ou dans des boutiques de jouets ou parfois des idées que j'avais dénichées lors de mes nombreux voyages à Londres, où la littérature concernant la magie était pléthorique !"
J.-L. : Quelles limites vous imposiez-vous ? Vous ne pouviez pas TOUT dévoiler ! Y avait-il une “déontologie de la magie” dans Pif ? R. M. : "Ah oui, je faisais très attention à 2 points essentiels, pour lesquels les magiciens professionnels nous ont toujours remerciés : 1°) Il ne fallait jamais publier de tours - soit par le gadget soit dans les jeux - qui soient utilisés professionnellement. On se limitait aux "trucs" simples qui ne portaient pas préjudices aux prestidigitateurs dont c'était le métier ! L'un des tours "limites" fut sans doute la "vitre magique", dont le principe était employé par les "pros" ! 2°) Il fallait donner envie aux lecteurs de s'intéresser à la magie et pour cela leur proposer des choses accessibles, compréhensibles et mises en scène de manière attractive. En somme, faire l'inverse des autres illustrés pour la jeunesse, où la magie était un simple bouche-trou en coin de page".
J.-L. : Venons-en justement à ce souci de clarté et de "mise en scène".... R. M. : "C'est l'un des aspects dont je suis le plus fier et que je revendique totalement : le tours expliqués dans Pif devaient être compréhensibles !! Je me souvenais de ma première "boîte de magie", dont je n'avais jamais été capable de réaliser le moindre tour, tant les explications étaient confuses ! Idem lorsque Géo-Mousseron nous présentait ses trucs sur des feuilles de papier jauni. Je ne voulais pas que le jeune lecteur soit frustré et il fallait que les tours expliqués soit réalisables ! Pour moi, un tour de magie est un spectacle, une merveilleuse activité d'éveil pour un enfant qui a l'occasion de jouer à être le magicien. Or, bien souvent, les tours expliqués que l'on trouve dans le commerce privilégient l'aspect "explication" sur la présentation. Je ne voulais pas que les lecteurs considèrent la magie comme un simple étalage de trucs dévoilés. J'ai mis l'accent sur le déroulement du spectacle, les paroles prononcées par le magicien"... J.-L. : ... ce qui a donné naissance aux tours présentés en BD ? R. M. : "Oui, et c'est ma grande fierté; personne ne faisait cela à l'époque. J'ai demandé aux dessinateurs de l'atelier Pif , au 126 rue Lafayette, de réaliser de véritables planches de BD explicitant les différentes phases de la réalisation des tours. C'est moi qui réalisais les scenarios des BD de magie, comme je le fais aujourd'hui dans le nouveau Pif gadget. Il y avait Géo-Mousseron , Claude-Marcel Laurent et Crespi (il signait Ipserk et réalisait la BD "Nestor". Il travailla aussi sur "Ludo" pour les scénarios). Tous trois étaient de très anciens collaborateurs de Vaillant et ils étaient des piliers des Poches. Roger Dal n'a jamais fait de tour de magie. Et pour ma part j'en ai écrit un grand nombre entre 70 et 73". J.-L. : Ah oui, les "poche" ! J'ai trouvé chez un bouquiniste un très beau Pif Poche Animé “Spécial magie” datant d'avril 1970 (précisément la date de la séparation des Beatles, pour l'anecdote)... R. M. : "C'est avec la rédaction de ces "poche" que se posait le problème de la quantité (200 pages !) et c'est là que l'armoire pleine de tours accumulés devenait précieuse ! Il fallait également trouver une approche pédagogique pour la démonstration du tour dans ce format réduit".
J.-L. : Qui étaient les dessinateurs illustrant les tours dans PIF ? R. M. : "C'était l'atelier de Vaillant à qui revenait le soin de les mettre en images. Cet atelier comportait Michel Motti , Yannick Hodebert et Jacques Tabary , le frère de Jean . A eux s'ajoutaient les dessinateurs de presse embauchés pour illustrer le Journal des jeux, Gring en tête". J.-L. : A quand remonte la première "BD magique" ? R. M. : "Le premier tour illustré pas-à-pas dans le Journal des Jeux est apparu dans le numéro 75. C'était une première étape (à peine une demie page) encore discrète. Par la suite, nous avons réalisé de plus en plus régulièrement de pleines pages de BD présentant un véritable "spectacle de magie", dont l'explication des tours se retrouvait en fin de "Journal des Jeux". Jean Tabary en fut le principal dessinateur. Gring en a réalisé plusieurs également". le premier tour illustré en BD dans Pif-Gadget n°75 illustré par Motti très belle illustration dans le "Journal des Jeux" de Pif-Gadget n°49 signée Gring qui illustrera plusieurs tours dans le cadre de jeux “special magie”. J.-L. : Je garde un souvenir ému des "Spécial Magie" dans le journal des jeux, avec parfois 3 planches de tours en BD ! R. M. : "Cela dit, ce n'était pas systématique et il y avait encore parfois des tours expliqués en illustrations simples. Mais en 1972, le recours à la BD était devenu quasi systématique. J.-L. : ... avec notamment la page "Monsieur Magie" très régulière jusqu'à la rentrée de septembre 1975, dessinée par Jacques Tabary. R. M. : "Exact". “Monsieur Magie” illustré par Jacques Tabary , jusqu'en octobre 1975 J.-L. : Et la magie dans le "nouveau" Pif-Gadget ? R. M. : "J'ai volontairement choisi de différencier les petites "astuces" résumées sous la rubrique "Je te parie que..." et les véritables tours de magie avec "les secrets de Mister Magic", qui reprend le principe du spectacle dont le déroulement est illustré étape par étape. Aujourd'hui je teste avec une très grande rigueur tous les tours qui sont proposés dans le "Journal des Jeux", et je les travaille, et je les modifie tant qu'ils ne sont pas complètement au point". J.-L. : Il me semble que l'inspiration pour ces tours est sensiblement la même qu'à la "grande époque" des années 70 ? R. M. : "En effet. Une petite anecdote permet d'illustrer la relation qui s'est instaurée avec les premiers Pif : Le tour de magie du 86 (illustré ci-après) n'est plus faisable aujourd'hui car les feuilles de bristol que l'on trouve dans le commerce sont différentes de celles de l'époque. En effet, aujourd'hui elles sont poreuses et se gondolent. J'ai essayé de réaliser ce tour : il est devenu infaisable.
De plus, il demande une manipulation très délicate que des enfants ne peuvent réaliser. J'ai donc adapté pour le n° 2 du nouveau Pif Gadget cet ancien tour, à force d'essais divers qui ont à plusieurs reprises inondé ma cuisine et donné à mon appartement une odeur de vinasse épouvantable. J'ai finalement trouvé une solution moderne consistant à utiliser du papier aluminium légèrement fripé, et cela marche à tous les coups, sans risque de renverser le vin. Ainsi, ce tour est devenu faisable par un jeune enfant. Il en va bien évidemment de même pour tous les autres tours que je publie dans le journal". J.-L. : Merci pour ces nombreuses heures de magie, grâce à vous, et surtout bonne continuation abracadapifesque !
le tour remis à jour dans le Pif-Gadget n°2 de 2004 Dans la semaine prochaine, je vous proposerai, dans un nouveau chapître, un grand tour d'horizon consacré à la magie dans Pif-Gadget .
La campagne Magie de 1973 le petit logo de la série, que l'on retrouve sur chaque couverture durant cette campagne de 1973 Voici en exclusivité sur Pif-Collection, un nouveau dossier de Jean-Luc Muller sur la Magie dans Pif-Gadget. Il s'est attelé cette fois-ci à la campagne de 1973 qui a vu la parution de 6 numéros consécutifs de Pif-Gadget du n°211 au n°216... Opération « MagiGadget » dans Pif-Gadget En 1973, sous l'impulsion d'une rédaction très motivée par l'illusionnisme, Pif-Gadget lançait l'opération« Magigadgets » qui dura 6 semaines, entre mars et avril. Un véritable printemps magique… Cette initiative était une première à tous les niveaux et restera un sommet inégalé dans le domaine de la magie dans un périodique destiné à la jeunesse. Reprenant un principe qui avait fait ses preuves avec "l'Opération Scientipif" l'année précédente, la série des « Magigadgets » se manifeste par un look homogène et accrocheur, caractérisé par le rond central dans lequel est présenté le gadget, sans oublier le petit chapeau de magicien sur le côté. L'opération porte plusieurs noms : « Spécial Magie », « lundis magiques » ou, plus couramment, « les MagiGadgets». dans le n°208 de Pif-Gadget , une tonitruante annonce sur 2 pages qui promet beaucoup… Le Grand Livre de la Magie le 4ème et 1ère couverture du "Livre de Magie" L'opération « Magigadget » ne propose pas uniquement des gadgets magiques, mais également "le Grand Livre de la Magie", à raison de 6 pages par semaines (qui, repliées, donnent 12 pages), dont 2 correspondent aux couvertures). Chaque semaine, une nouvelle thématique sera abordée,sans oublier des chapîtres consacrés à l'histoire de la magie. (le contenu de chaque chapître est détaillé plus loin, pour chaque numéro). Ce "Grand Livre de la Magie" propose des tours illustrés et des conseils de présentation, l'ensemble étant animé – photographies à l'appui – par le prestidigitateur Jean Delaude , qui livre également quelques anecdotes de son métier. explications du pliage du "Grand Livre de la Magie" à raison d'un chapître par semaine Jean Delaude , profession : prestidigitateur
couverture du 1er chapître du "Grand Livre de la Magie" On notera qu'un petit magicien dessiné par Jean-Claude Poirier vient "perturber" la mise en page… Au passage, Jean Delaude nous gratifie de sa maîtrise de la manipulation des cartes, ce que les lecteurs de Pif-Gadget doivent se contenter d'admirer… en espérant faire un jour aussi bien ! dans les pages intérieures du "Grand Livre de la Magie" les photos alternent avec des illustrations employant une technique particulière d'adaptation au trait de photos posées Le soin apporté au "Grand Livre de la Magie" prouve que la rédaction prenait la magie au sérieux ! On n'avait jamais été aussi loin dans la presse jeunesse et le livre complet et relié ne déparerait pas aujourd'hui dans une bibliothèque de magicien chevronné !
couverture du 2ème chapître, dédicacée par Jean Delaude Sur la "couverture" de ce chapitre, nous retrouvons le magicien dans une posture classique du prestidigitateur de cabaret, avec boules et foulards. Le magicien facétieux de Poirier Quasiment sur toutes les pages du Grand Livre de la Magie, Le dessinateur Poirier s'est amusé à rajouter d'irrésistibles petits dessins mettant en scène un magicien désopilant. Ces dessins mériteraient à eux seuls une compilation… Dans le Pif-Gadget n° 217, qui suivait le dernier chapître de l'opération (le gadget n'étant plus alors consacré à la magie), on pouvait trouver la reliure du Grand Livre de la Magie, qui permettait d'obtenir un véritable ouvrage, très complet, sur ce domaine. Une magnifique réalisation. Jean Delaude fait les poches de Giscard !!!
Les 6 Pif-Gadget de l'opération "MagiGadgets" Revenons ici sur les 6 numéros,un par un...
Il est vraiment question de monter un spectacle de magie complet. On peut affirmer sans exagérer qu'à la fin des 6 semaines, le "Grand Livre de la Magie" complété, il y avait effectivement de quoi monter tout un programme de magie digne de ce nom !
une dernière illustration de Jean Delaude pour le "Grand Livre de la Magie", avec tous ses accessoires de prestidigitateur Que dire de cette série de Pif magiques ? Des gadgets inventifs, une animation très dynamique autour de la magie (y compris dans les annonces et les illustrations de couvertures) et, avec le "Grand Livre de la Magie", une sensibilisation très complète et pédagogique pour tous ceux que cet art fascine. UN CHEF D'ŒUVRE ! Jamais, dans la presse jeunesse, on n'avait vu réuni autant de contenu de qualité sur la magie. En 1976, une seconde opération de 6 semaines allait tenter de relever le défi, dans un Pif-Gagdet relooké et avec une autre rédaction. Si elle n'arriva pas tout-à-fait au niveau de la première (dont elle reprenait certains gadgets), elle n'en resta pas moins une autre belle réussite, avec surtout la présence d'un illusionniste immense, qui aura éveillé bien des vocations : Jacques Delord (voir le dossier sur la campagne Magie de 1976 ). Au cours des années 80, on peut noter que plusieurs mini-opérations sur 3 numéros remettront également la magie à l'honneur. Le Nouveau Pif-Gadget a proposé dans son numéro 4 de novembre 2004 une autre« première » : un spectacle complet, avec 7 tours différents, dans le même numéro ! ____________ La campagne Magie de 1976 (1ère partie) Cette semaine sur Pif-Collection, nous vous proposons un nouveau dossier de Jean-Luc Muller sur la Magie dans Pif-Gadget. Il s'est attelé cette semaine à la campagne de 1976 qui a vu la parution de 6 numéros consécutifs de Pif-Gadget du n°395 au n°400. Il a pu ainsi interviewer pour nous Jacques Delord , le magicien poête qui a animé ces numéros qu'il commente. Jacques Delord et les Pif Magiques en 1976 Près de 3 ans 1/2 après la première opération de 6 semaines de « Pif magiques », la revue réitérait cette initiative qui lui avait valu un très beau succès en 1973. Or, en cette rentrée 1976, un magicien occupe une place très particulière à la Télévision : il s'agit de Jacques Delord , qui animait alors " Les ateliers du Magicien " sur la 3ème chaîne française de l'époque, FR3 . Son style tranchait avec tout ce qui a été fait jusqu'alors (et sera fait par la suite) car il mêlait avec un égal bonheur illusionnisme et poésie, faisant participer les jeunes magiciens en herbe à l'émission. En 1976 l'émission entamait sa 2ème saison et la rédaction de Pif a souhaité que Jacques Delord soit l'ambassadeur de la magie dans la revue durant 6 numéros. Cette opération présentait de nombreuses similitudes avec la précédente (2 gadgets en commun, des conseils de présentation et un mini-livre de magie regroupant des rubriques comparables à celles du « Grand livre de la magie » de 1973). Si l'ensemble offre moins de cohésion que l'opération magique de 1973 (en raison notamment du décalage entre les sujets de certaines couvertures et la magie du gadget) la présence et la personnalité de Jacques Delord , sa relation directe avec les gadgets proposés (mis en scène en photos) et l'inclusion de magnifiques reproductions d'affiches de magie anciennes dans chaque numéro confèrent à l'ensemble une vraie personnalité et un indéniable parfum de merveilleux. 3 des magnifiques reproductions d'affiches de magie anciennes que l'on trouvait en double page centrale. Ces reproductions provenaient d'un ouvrage paru la même année : « 100 ans d'affiches de la magie » Au verso de chaque poster, on retrouvait le personnage du jeune magicien de la couverture des n°395 et 397, présentant le gadget de la semaine suivante.
Nous avons pu rencontrer Jacques Delord et lui demander de revivre avec nous cette belle opération « Deviens Magicien » proposée par Pif-Gadget . Son interview nous permettra de commenter chaque numéro d'une manière plus vivante. Mais avant de commencer, voici un bref aperçu de sa longue carrière d'artiste poète... Après un double parcours de comédien de théâtre et de prestidigitateur de cabaret et de music-hall, Jacques Delord passe par la télévision (La Piste aux Etoiles) et présentera même son beau numéro de cordes qui le rendit célèbre, dans une séquence du film « Baisers volés » de François Truffaut en 1968. Il publie entre 1971 et 1973 sa trilogie d'ouvrages destinés à la jeunesse, qui sont une véritable initiation à la magie (« Sois le magicien », « Sois l'Enchanteur » et« L'Eternel Magicien »). A la télévision, il participe notamment à 8 émissions de la série « Mains et merveilles », 4 émissions de la série « Fils et funambule » puis animera 3 saisons de son émission « Les ateliers du Magicien » (36 émissions en tout, sur FR3) dont il tire également un recueil de tours en 1976.
Il participe en 1980 à la création du Zoo Parc de Beauval, puis emmène durant près de 15 ans son spectacle « Le Magicien Malgré Lui » aux quatre coins du monde. Il crée depuis des spectacles magiques, organise des ateliers poétiques et des créations théâtrales, tout en poursuivant en parallèle une activité d'écriture (notamment pour la revue « Magicus ») et de pédagogie (avec des enseignants). photo de tournage du film « Baisers volés » où Jacques Delord joue le rôle d'un... prestidigitateur. On reconnaît à droite Jean-Pierre Léaud et Claude Jade (Photo collection privée) Rencontre avec un gentleman magicien Jacques Delord redécouvrant son texte et les photos qui l'accompagnaient il y a 28 ans Il y a de cela 9 ans, j'avais rencontré Jacques Delord pour le faire participer à une série d'émissions sur la magie... qui n'ont malheureusement pas abouti. Mais nous étions restés en contact lointain, d'autant que nous sommes voisins, dans le même arrondissement de Paris. Je lui avais rendu visite pour lui offrir une photo du tournage de " Baisers volés " de François Truffaut (film de 1968 dans lequel il joue un.. prestidigitateur de cabaret !). Nous avions évoqué ses 3 superbes livres d'illusionnisme (" Sois le Magicien ", " Sois l'Enchanteur " et " L'Eternel Magicien ") qui ont fait naître plus d'une vocation, notamment parmi les gens de ma génération. Ce 4 novembre, nous avions convenu de déjeûner ensemble dans son petit restaurant italien préféré. Je lui ai amené la série des Pif-Gadget de 1976 auxquels il avait collaboré, l'un de ses livres et aussi... le Pif-Gadget n°4, qui était sorti en kiosque la veille. En découvrant ce Pif au gadget magique, il était enchanté, parce que pour lui c'est toujours une fête lorsque les jeunes sont sensibilisés à cet art. Il a paru sincèrement impressionné par la qualité de ce qu'on y trouve…. Et puis en feuilletant les numéros de 1976, il poussait des exclamations de surprise en retrouvant les photos prises par l'équipe du journal avec le gadget. Il n'avait pas revu les photos qui mettent en scène sa fille à l'époque. Il me remercie pour l'exemplaire que je lui offre et me fait promettre de lui photocopier les pages des autres numéros, car il ne les a plus. Après une conversation autour de nos activités réciproques - les vidéos de magie que je termine, ses spectacles et activités pédagogiques avec des enfants - nous nous calons pour parler de... Pif . Jean-Luc Muller : En guise d'introduction, on pourrait rappeler rapidement d'où te connaissaient les lecteurs de Pif en 1976... Jacques Delord : "les lecteurs de Pif me connaissaient par mes livres, s'ils les avaient achetés : les 3 livres de l'illusionniste (" Sois le Magicien ", " Sois l'Enchanteur " et " L'Eternel Magicien ") qui ont été écrits et publiés sur 3 ans : 1971, 1972 et 1973. Autour de ces livres, il y a eu des interviews et passages à la télévision de l'époque, ce qui a créé un noyau de jeunes qui venaient me voir au Salon de l'Enfance, par exemple, car mes livres y étaient présentés. J'ai rencontré à ce salon, lors de la sortie du 1er livre, un certain nombre de jeunes passionnés de magie, que j'ai fait participer à mon second et mon troisième livre. C'est pourquoi les illustrations du 2ème et 3ème livre se sont faites avec les lecteurs du 1er !" J-L M. : C'est une idée d'interactivité très concrète et avant que ce mot soit à la mode ! Jacques Delord : "Oui, une interactivité renforcée encore par le fait que je tutoie le lecteur. Je m'adresse directement au lecteur "idéal", celui qui a un rêve magique, qui a en lui-même une énergie magique... un désir de magie. Je parle donc à ce lecteur-là, en me référant à mon propre apprentissage (tardif) de la magie, mais qui répondait à un désir de l'enfance. C'est à cet enfant-là que je m'adresse".
J-L M. : C'est aussi une forme de connivence poétique; le tutoiement du poète envers son lecteur imaginaire ... Jacques Delord : "Oui, c'est la même démarche. je ne serais pas magicien si je n'étais pas poète. La poésie est le lien de toute création artistique. La magie, elle, est éminemment artistique et collée à l'Homme; Elle est à l'origine même de toute quête de l'Homme". J-L M. : ...le goût pour l'inexplicable et ce qui est potentiellement merveilleux... Jacques Delord : "Bien sûr ! Et ce goût pour l'inexplicable et pour la magie, c'est presque une nostalgie chez les gens". J-L M. : Une nostalgie d'avant l'âge adulte... Jacques Delord : "Oui. Et ce besoin de merveilleux est essentiel à la formation de l'individu". J-L M. : Dans tes livres, c'est ce que tu voulais transmettre ? Jacques Delord : "Sans doute...et c'est ce qui a tout de suite accroché beaucoup d'enfants aux quatre coins de l'hexagone. Ce n'était pas un livre commercial ni une simple collection de "trucs", et l'éditeur ( Claude Nielsen ) m'a fait confiance à l'époque, ce qui a été une démarche formidable de sa part. J'ai pu rédiger à ma guise un texte qui renvoyait à l'Antiquité, aux grands mystères... et puis aussi à une forme de discipline du corps et de l'esprit pour ressentir la magie que l'on souhaîtait produire". J-L M. : Dans quelles conditions as-tu été contacté par Pif ? Jacques Delord : "Eh bien à l'époque mes émissions "Les Ateliers du Magicien" étaient diffusées ( ndlr : c'était déjà la 2ème saison qui commençait ). C'était en 1976 et la série avait été tournée à Marseille par FR3 pour une diffusion sur FR3 national. A partir de la rentrée la série allait reprendre et l'équipe de Pif souhaîtait faire une série de numéros sur la magie en parallèle". J-L M. : Tu avais pu voir les numéros de Pif sur la magie, avec Jean Delaude ? Jacques Delord : "Oui, Jean était un grand ami et j'avais vu ça à l'époque. C'était vraiment très bien réalisé". J-L M. : Comment ta participation s'est-elle faite, concrètement ? Jacques Delord : "Des gens de la rédaction sont venus me voir et m'ont simplement proposé d'écrire des textes et de présenter les tours qui seraient insérés dans la revue". J-L M. : D'où venaient les gadgets de magie ? Tu as participé au choix ? Jacques Delord : "Oh, les gadgets étaient prévus par l'équipe de Pif . Il se peut très bien que j'en ait choisi 6 parmi 10 ou quelque chose comme cela mais je n'en suis pas certain. Il me fallait trouver une idée de présentation pour chaque gadget, une mise en scène magique. J'avais ensuite toute liberté pour proposer d'autres choses en plus. L'équipe de Pif a été très sympa et surtout très ouverte aux idées. J'ai ensuite eu un peu de temps pour rédiger les différents textes et rendez-vous a été pris pour le mise en forme et les prises de vues". J-L M. : Tu étais en tournage des "Ateliers du Magicien" à l'époque ? Jacques Delord : "En fait, le tournage des "Ateliers" se déroulait à la fin du printemps. Je me souviens d'ailleurs que les producteurs de l'émission obtenaient des dérogations de la part de l'inspection académique pour que les enfants choisis puissent sécher des cours ! On effectuait le montage de la série pendant l'été. L'équipe de Pif est venue me rendre visite cet été-là à Aix en Provence - où l'émission avait été tournée et venait de se monter - pour les photos qui allaient illustrer les différents numéros. Je me souviens que l'ensemble des prises de vues pour les 6 numéros a dû prendre 2 jours. J-L M. : Le travail que tu as fait pour PIF avait-il un rapport avec la série d'émissions ? Jacques Delord : "En fait, j'avais gardé l'esprit et la méthode, mais aucun des tours proposés ne reproduisait ce que j'avais enregistré pour l'émission. Je crois bien que les enfants pris en photos pour présenter des illusions ont été choisis parmi ceux de l'émission ! J'en suis même sûr". Les Pif-Gadget n°395 à 400 commentés par Jacques Delord Je tends à Jacques les numéros de la série et lui fais cadeau du seul numéro que j'ai en double, le premier de la série. Il est très ému parce qu'il n'a pas revu ces pages depuis une bonne vingtaine d'années. Il se relit et commente quelques-uns des tours et les photos qui les accompagnent. Pif-Gadget n° 395
Lancement de l'opération, avec un titre en couverture qui annonce clairement la couleur. Le personnage du jeune magicien se retrouvera au verso de chaque poster en double page centrale pour présenter en images le tour de la semaine suivante. Dans le coin en bas et à droite de chaque couverture, on présente en photo le gadget de la semaine. Etrangement, c'est une annonce pour une place au « Cirque de Moscou » qui orne la photo de la baguette magique…
Jacques Delord : (ouvrant la première double-page où il apparait) "Ah oui, la baguette truquée... Eh bien on voit que je cherchais à dépasser l'idée de l'objet truqué pour amener autre chose. Dans l'un de mes livres, je faisais sortir la baguette d'un porte-monnaie et je reprends l'idée ici. La chose importante à mes yeux, c'était de dépasser l'objet lui-même et donner envie d'aller au-delà; c'est pour cela que j'écrivais " si tu veux être réellement magicien... " pour proposer une extension du truc et toute une démarche de véritable tour de magie. Il y a même une partie "bricolage" pour aider à cela". Jacques Delord : "Oui, dans chaque numéro ou presque, j'amenais quelque chose de différent du gadget. Là, effectivement je montre comment présenter cette très belle illusion. Le petit garçon, Didier , avait participé à l'une des émissions".
J-L M. : On voit qu'il porte sur son T-shirt un transfert Pif, qui était un gadget d'un numéro antérieur... Jacques Delord : "Ah oui... Peut-être que le photographe le lui a passé pour qu'il soit en phase avec la revue, ou bien peut-être l'avait-il réellement !" Jacques Delord : "Non, ces éléments venaient de la rédaction de Pif . En général, les paragraphes illustrés par les personnages du journal étaient rajoutés. Je ne faisais qu'écrire mes textes pour les tours et pour les exercices". J-L M. : ... comme cet "exercice de doigts"... Jacques Delord : "Oui. je trouvais essentiel qu'on amène l'idée qu'il faut travailler, l'idée d'apprentissage. La magie et une discipline comme la musique ; il fallait que les jeunes lecteurs comprennent qu'on fasse ses gammes". J-L M. : Il y a l'idée de construire tout un spectacle.... Jacques Delord : "Ah oui, c'est important de se donner un but créatif. ( ndlr : Cet objectif de la création d'un spectacle se retrouvait déjà dans le "Grand livre de la Magie" de l'opération magie de 1973 ) J-L M. : Et on voit la mention pour annoncer l'émission, qui passait tous les samedis à 18h30 sur FR3 (devenue depuis France 3) Jacques Delord : (sourire) "Oui, la série venait de reprendre depuis 2 ou 3 semaines au moment de la parution de ce Pif, je pense. C'était formidable, cette interaction. Les lecteurs pouvaient me retrouver ensuite à la télévision... Pif-Gadget n° 396 ______ La magie et PIF, toute une histoire ! (2ème partie) Pif, une revue magique... Depuis sa création en 1969, la magie a fait partie intégrante de Pif-Gadget . En fait, elle était déjà présente dans le journal Vaillant , mais je m'intéresserai pour le moment à une période de l'histoire de la revue (1969-1976) qui a représenté une étape importante de la sensibilisation des jeunes lecteurs à la "reine des arts" : la prestidigitation. l'annonce d'un Pif Poche dans Pif-Gadget n°223, en 1973, avec une allusion évidente à la célèbre émission TV (“Y'a un truc”) présentée à l'époque par Gérard Majax … Une première constatation s'impose : les personnages de magiciens sont très présents dans Pif . Le plus célèbre d'entre eux, du moins jusqu'au milieu des années 70, fut sans conteste le "Père Passe-Passe" de Cézard , dont "l'apparition", aux côtés "d'Arthur le Fantôme", remonte à 1963 et la première planche en tant que personnage principal à 1966 (dans le journal Vaillant ). Il y eut ensuite "M. le Magicien" de Mattiolli , à partir de 1969 dans Pif .
2 magiciens de Pif qui ont fait récemment l'objet d'une édition qui compile leurs gags. (Il est à noter que l'éditeur des “facéties du père Passe-passe”, François Montmirel , se spécialisait auparavant dans la vente de livres et d'objets ayant trait à … la magie) En 1976, un personnage de prestidigitateur professionnel fait un bref passage dans Pif , dans une série réaliste dont on aurait aimé voir d'autres épisodes : "Stanislas Fox", le Maître de l'Illusion. D'ailleurs, ce héros éphémère se retrouve (dans les numéros 395 et 387) paginé bizarrement : en doubles planches transversales dans un papier différent. Aucune autre information à ce sujet, si ce n'est que l'auteur en était Jean Sanitas et le dessinateur Paul Le Guen . planche parue dans Pif-Gadget n°395. un personnage malheureusement éphémère… Inutile (ou presque) de le préciser, mais presque tous les personnages de la galaxie Pif ont un jour ou l'autre eu maille à partir avec la magie, dont les limites avec la sorcellerie ne sont pas toujours clairement définies… Rahan ou Dr Justice se trouveront ainsi confrontés à des pseudos sorciers, tandis que les personnages comiques testent des pouvoirs plus loufoques…
Parmi tous les “poche”, les “spécial magie” sont parmi les plus beaux et les plus recherchés. Le numéro 56, par exemple, propose de nombreux tours ainsi qu'une animation (flip-book) mettant en scène PIF, un chapeau de magicien et une colombe…
En voyant cette image tirée d'une histoire en 5 planches de "Gai-Luron" ( Pif-Gadget n°213), comment ne pas penser immédiatement, aujourd'hui, aux inénarrables Shirley et Dino ? Une sorte de gag prémonitoire. Aujourd'hui, Florence Cestac nous offre un nouveau personnage à la magie facétieuse, qui prend l'apparence de la première fée scatologique de l'histoire de la BD : "la Fée Kaca !" D'autres magiciens, pour la plupart anonymes, vont se succéder dans un endroit très particulier de Pif : "le Journal des Jeux"… Une équipe de passionnés de Magie au "Journal des Jeux" La création du "Journal des Jeux" dès les débuts de Pif a eu pour effet d'inclure de plus en plus souvent de la magie dans la revue. Pourquoi ? Tout simplement parce que la rédaction de Pif – avec à sa tête Richard Medioni – adorait la prestidigitation ! (voir le chapitre précédent : interview de Richard Medioni ). Nous parlerons dans un prochain chapitre des gadgets magiques. Pour l'instant, il s'agit de passer en revue l'un des aspects les plus passionnants de l'évolution du "Journal des Jeux" : la Magie. Richard Medioni n'imaginait pas un instant ne pas inclure des explications de tours dans Pif . Mais quels tours ? Et comment les amener ? On peut diviser en 2 grandes catégories le genre de "trucs" expliqués aux lecteurs au fil de l'évolution du "Journal des Jeux" : 1°) les paris impossibles et expériences de "Physique amusante" Il ne s'agit pas réellement de "tours" mais plutôt de la mise en scène de procédés ou d'astuces sous la forme de défis que le public ne peut pas relever, ou bien de situations que l'on ne peut résoudre qu'en appliquant un principe auquel le public ne pense pas. Dans le “nouveau” Pif , Richard Medioni intitule cette rubrique “Je te parie que…”, et y propose des astuces très faciles et à la portée des plus jeunes lecteurs.
Tour de magie, qui est en réalité une petite expérience d'équilibrisme, dans le style des “paris impossibles”. Comparez cette astuce tirée de Pif-Gadget n° 223 (illustrée par Jac. L ) et l'illustration ci-dessous, qui propose une difficulté supplémentaire ! Il existe toute une littérature consacrée aux paris impossibles et “récréations” basées sur des propriétés physiques détournées, équilibres impossibles ou phénomènes de magnétisme. Cette illustration provient de la plus célèbre source française dans ce domaine : “ la science amusante de Tom Tit ”, parue vers la fin du 19e siècle. 2°) Les tours de Prestidigitation et l'adaptation en réduction de trucs d'illusionnisme Là, on adapte - souvent en réduction - des tours de music-hall ou de cabaret, l'ensemble des tours dits "de salon" (cordes, foulards, objets divers) et les tours de "close-up" (littéralement tours "en gros plan", c'est-à-dire de la magie de proximité, le plus souvent exécutée avec des cartes ou des pièces). Problème n°1 : il faut que ces tours ne soient pas trop compliqués à exécuter (et ne requièrent aucune manipulation difficile). Problème n°2 : la description doit en être claire et détaillée pour être compréhensible. Une curiosité dans Pif-Gadget n°44 : un tour de magie dont l'explication est signée Nicolaou ! Richard Medioni nous a expliqué dans son interview la frustration éprouvée devant des tours aux explications incompréhensibles… et le faible espace éditorial traditionnellement alloué à la magie. Au bout d'une année de trucs plus ou moins clairement illustrés, il décidera de les mettre en scène en BD. L'idée, c'est de présenter le déroulement du tour comme une saynète complète, avec le texte dit par le magicien. L'explication du tour se retrouvant en page de solution des jeux. Le "Journal des Jeux" connaîtra de nombreux “Spécial Magie”, propice à toutes sortes de débordements graphiques… "Journal des Jeux" paru dans le Pif-Gadget n° 154, un tour très facile illustré par Arca Les Magiciens du Journal des Jeux et l'évolution de la magie illustrée… (1969 – 1973)
Un jour, dans le numéro 75, un petit magicien sympathique bien que furtif anima la présentation d'un tour, le temps de quelques cases. L'idée était lancée : la BD allait bientôt servir à décrire les illusions de notre spectacle imaginaire ! pour la 1ere fois, dans Pif-Gadget n°75, un personnage de magicien nous présente le tour étape par étape (illustrations de Motti ) L'idée est lancée et il y aura quelques essais différents avant de trouver la formule qui conviendra le mieux. On conservera un temps cette rubrique intitulée :” un secret de magicien”. On remarque que l'explication du tour, qui prend moins de place que sa présentation, se trouve au bas de la même page. un tour facile illustré par Motti dans Pif-Gadget n°80 3 personnages de magicien se succèderont ensuite pour raconter en BD un tour, voire même un véritable mini-spectacle de magie.
Dans les 2 exemples ci-dessus, on notera que les tours sont présentés avec un texte qui n'est pas encore integré sous forme de bulles de BD. Le personnage du magicien, très jeune, arbore un costume très classique, avec chapeau haut de forme, smoking… J'ai également retrouvé, dans le Pif-Gadget n°86, un personnage (illustré par Motti ?) dont la ressemblance avec le célèbre "Mandrake le Magicien" est troublante.
Un autre magicien, plus distingué, alternera parfois avec ceux de Motti et Tabary . Ce magicien à la fine moustache sera également dessiné par Gring , qui illustra longtemps le Journal des jeux. "Journal des Jeux" paru dans le Pif-Gadget n°128 avec Gilbert Richard comme invité Dans ce Pif-Gadget n°128, le magicien dessiné par Gring présente le tour avec un “boniment” sous forme de vraies bulles de BD. Gilbert Richard , animateur du "Cirque Pif" se retrouve sur le côté (ndlr : retrouvez Gilbert Richard dans le dossier : Gilbert Richard vous présente le Cirque Pif ). A noter : l'explication des tours se cache désormais en page de solutions des jeux. Jacques Tabary devient peu à peu le dessinateur attitré pour illustrer les tours mis en scène par Richard Medioni , à partir de tours proposés par Géo Mousseron . Un véritable personnage va faire son apparition et revenir d'une manière plus régulière présenter des tours de magie en une planche : "Monsieur Magie". Ce sera le magicien récurrent du "Journal des Jeux" jusqu'à la rentrée de septembre 1975. Ce personnage dévoile ses tours dans une ambiance de petit théâtre de magie, avec rideau de scène, etc. C'est une vraie BD dans laquelle on retrouve des spectateurs qui semblent tout droit sortis des aventures de Totoche ! Remarque importante : les explications se retrouvent à nouveau en bas de la planche de présentation du tour, sauf lorsqu'il s'agit d'un “spectacle” complet. Ce magicien nous propose également sa formule magique inédite : “Abracadabra-Fouchtra !”… dont j'attends toujours qu'on me fournisse l'origine !
… mais pourquoi « fouchtra » ?? Avec le départ de Richard Medioni de la rédaction de Pif en 1973, c'est une page de la magie dans Pif qui s'interrompt également. Roger Dal est désormais le responsable du "Journal des Jeux" et il semble moins intéressé par l'illusionnisme que ne l'était son prédécesseur. Mais l'aventure de la magie dans Pif n'est pas terminée ! Après cet « âge d'or », il y aura d'autres aventures magiques…. Dont je parlerai dans le prochain chapître, consacré aux Pif-Gadget avec Gadget magique. A suivre...
Le second numéro de la série ne conserve malheureusement pas le caractère magique de sa couverture précédente. D'ailleurs le côté futuriste de la voiture imaginée par la rédaction pour le salon de l'auto nuit un peu à la poésie magique des pages de Jacques Delord . Le gadget choisi est cette fois un grand classique déjà paru deux fois : le « pass-pass », qui est cette fois orthographié correctement et attribué à Houdini pour une raison restée obscure, mais qui s'expliquera peut-être par le choix des affiches proposées en double page centrale... Il en ira de même pour les autres gadgets magiques, « parrainés » par d'illustres illusionnistes américains, pour la plupart. Jacques Delord : "Avec les gadgets de Pif, je me creusais la tête pour trouver ce qu'on pouvait faire A PARTIR DU GADGET. Et avec ces tours et Pif-Gadget , je me suis toujours attaché à ça. (en montrant la photo du "passe-passe") Ca, c'est un petit gadget qui fait que, en introduisant une pièce à l'intérieur, tu fais "clac-clac", ta pièce a disparu. Et puis "clac-clac", la pièce est réapparue... C'est simple, mais à partir de là tu peux aller plus loin. (Il relit son texte de l'époque) Oui, c'est ça : il y a toute une mise en scène on va plus loin que le simple truc proposé par le gadget. Le gadget n'est qu'un OUTIL. Je tenais à ne pas présenter simplement un gadget mais faire en sorte que le gadget puisse servir au lecteur à réaliser une illusion. C'est une comédie qu'il faut créer avec un spectateur. Le lecteur doit devenir le magicien." Jean-Luc Muller : ce qui renvoie à la phrase de Robert-Houdin : "le magicien est un acteur qui joue le rôle d'un magicien" Jacques Delord : "Exactement. Si on était magicien on ne ferait pas ça. On ferait autre chose; on ne se compliquerait pas la vie avec un objet... (rires) Le magicien sur scène est celui qui... arrose - comme tu arroses une plante pour la faire grandir - qui arrose la magie qui est dans le coeur du spectateur, et qui la laisse pousser. Et le spectateur devient magicien lui-même". J-L M. : On te laissait combien de temps pour préparer tes tours à partir du gadget ? Jacques Delord : "Je ne me souviens pas exactement. Ils étaient venus me voir avec une série de gadgets et puis on a certainement dû faire une sélection. Je me souviens en revanche avoir réussi à amener d'autres tours en-dehors du gadget et je les ai en quelque sorte infléchis dans ma direction ! (sourires) Mais ils étaient ravis ! Parce qu'ils aimaient vraiment la magie et leurs lecteurs leur importaient, donc ils voulaient leur faire plaisir. Ils n'ont pas fait de numéros "commerciaux" - même si la finalité est commerciale, puisqu'il faut toucher les gens".
J-L M. : On retrouve des exercices pour les doigts... Jacques Delord : "Oui : étant donné que je demande de manipuler une pièce de monnaie pour le tour avec le passe-passe, j'en ai fait un exercice de base. Toujours cette notion de l'apprentissage..."
J-L M. : Tu as participé à la rédaction des articles "préparer un spectacle" ? Jacques Delord : "Ah oui, il fallait donner aux enfants une finalité à leur magie et leur donner le sens du spectacle à partir du travail que l'on fait. (il lit le texte) Oui, et toute l'idée du décor qu'il faut choisir, l'ambiance... tout est lié. Oui, j'ai eu une très bonne collaboration avec les rédacteurs de ces numéros parce qu'ils ont tout-à-fait voulu aller dans mon sens : amener les enfants à dépasser l'amusement pur et simple". Pif-Gadget n° 397
Retour du jeune magicien en couverture et reprise du slogan « prépare ton spectacle » qui est le leitmotiv des rubriques de Jacques Delord . Les petits bâtonnets qui sont le gadget de ce numéro provenaient vraisemblablement d'un fabricant de jouets américain, car on les retrouvaient dans plusieurs boîtes de jeux. Evidemment, le magicien Thurston n'a sans doute jamais présenté une illusion de ce genre ! Jacques Delord : "Ah oui, les bâtonnets..." J-L M. : Cela aurait pu être un tour à toi... Jacques Delord : "Oui, mais en fait celui-là, je crois qu'on le retrouvait dans des boîtes de magie... J-L M. : Je vois que chez PIF ils avaient décidé de d'attribuer à des magiciens du passé les tours de magie proposés... Jacques Delord : "Oui... Thurston , Houdini pour le passe-passe... j'imagine que c'était pour des raisons de marketing mais je ne vois pas bien pourquoi..." J-L M. : Peut-être pour donner plus de valeur aux gadgets en leur attribuant une histoire ancienne... Jacques Delord : "Sans doute... ou bien ils achetaient ces gadgets en Amérique... (il lit le texte du tour) Tiens, tu vois, là encore... je cherche à dépasser l'illusion trop simple avec ces bâtonnets en annonçant une " autre illusion qui fera de toi un magicien ". J'introduis quelque chose en plus pour que l'enfant cherche par lui-même. Je l'encourage à imaginer d'autres effets basés sur le même principe. C'est ouvert à la recherche des enfants.
J-L M. : (désignant la page suivante) Là, c'est carrément un autre tour... Jacques Delord : "Oui, une illusion qui échappe au gadget. Les chapeaux sont décorés avec les personnages de PIF... c'est très sympa... ce tour, c'est un peu une variante du jeu des gobelets, avec des boules qui passent d'un chapeau à l'autre…" J-L M. : Je reconnais cette petite fille... Elle se trouve aussi dans tes livres. C'est ta fille, je crois ? Jacques Delord : "Oui, c'est Delphine . Elle se prêtait bien au jeu et en plus elle était assez douée. (redécouvrant les images) Et elle était mignonne là-dessus !" J-L M. : Eh bien je vais te faire une confidence : à l'époque où je lisais tes livres (j'avais 8 ans) j'étais amoureux d'elle ! Jacques Delord : (rire) "Oh, et je crois qu'elle n'en a jamais rien su !" (j'apprends au passage que sa fille et moi avons exactement le même âge et donc, rétrospectivement, j'avais toutes mes chances à l'époque ! Soupir....) Jacques Delord : "Dans l'émission elle lisait un poème, d'ailleurs". J-L M. : Il y avait dans ces PIF une vraie idée de continuité ? Jacques Delord : "Oui, on préparait un spectacle, et chaque numéro était un peu une progression par rapport au précédent. C'était en quelque sorte l'" anti-zapping " !" Pif-Gadget n° 398
En couverture, la nouvelle bande de Jean Ollivier dessinée par Coelho , Erik le Rouge. Le gadget est une reprise de la soucoupe magique du numéro 214. On imagine mal l'illusionniste Jansen – dont on nous propose une affiche représentant une magnifique lévitation – en train de présenter ce petit tour avec une soucoupe creuse… Jacques Delord : "Ah oui, le plateau... Je vois qu'on lui donne 2 noms différents : " Soucoupe de la fortune " et le nom " plateau multiplicateur ", que je reprends dans le texte..." J-L M. : C'était déjà l'un des gadgets de la série avec Jean Delaude... (ndlr : dans le Pif-Gadget n°214) Jacques Delord : "Ah oui... Là, j'essaie encore une fois de sortir du cadre strict du gadget. Et puis c'était encore Delphine pour m'aider à la présentation. On doit créer la magie en-dehors du strict accessoire ; c'est un tout. Les pièces volent magiquement jusque dans la main…" J-L M. : (désignant le tour suivant, avec de gros dés noirs) Là c'est un peu un cas limite, parce que ce tour existait dans des boîtes de magie mais il était difficile de bricoler ces dés truqués soi-même... Jacques Delord : "En effet... c'est un tour qu'on trouvait dans le commerce. Un classique. Le garçon, Bruno, était lui aussi un des enfants des Ateliers du Magicien".
Jacques Delord : "Là, je vois qu'il y a encore des exercices de doigts, pour continuer l'apprentissage... Evidemment, les petits gags et dessins, je n'y étais pour rien !" (rire) J-L M. : Tu les découvrais quand le numéro paraissait ? Jacques Delord : "Oui, bien sûr".
Pif-Gadget n°400
La couverture de ce numéro est en porte-à-faux par rapport au gadget. Le film « l'Aile ou la Cuisse » vient de sortir et Pif a l'occasion de profiter de l'élan créé par les deux superstars du comique qu'étaient De Funès et Coluche . D'ailleurs, certains lecteurs sont un peu perplexes devant le gadget qui n'en est pas réellement un. On y trouve des tours classés par thèmes (magie des cordes, magie des allumettes, magie des foulards, etc) et un chapître intitulé « 10 grands trucs à ne pas dévoiler » ! - dont une évasion « à la Houdini » à partir d'un sac en papier. Bien que ce ne soit pas mentionné explicitement, il semble que Jacques Delord ait, pour le moins, participé à l'écriture du texte du livre. Le livre de magie faisant office de gadget est évidemment devenu aujourd'hui un collector. Jean-Luc Muller : Le gadget de ce numéro étant un livre, je me demandais si tu l'avais rédigé… Jacques Delord : "Ah oui, je crois bien… (il parcourt le texte) Je ne me souviens pas trop bien mais ce que je lis là pourrait bien être de moi en effet. C'est tout-à-fait dans mon style". extrait du mini-livre offert en gadget J-L M. : En plus, les photos pour ta rubrique dans PIF illustrent la disparition du livre telle qu'elle est proposée… dans le livre ! Jacques Delord : "Oui, la disparition.. je montrais des choses comme ça dans mon émission. Que faire avec un petit livre de ce genre ? Il fallait trouver une idée magique : le faire disparaître… Et là, l'évasion du sac, c'est la même chose, en plus simple, que l'un des tours expliqués dans mes livres. Oui, je pense que j'ai dû écrire ça… C'était bien, cette collaboration avec Pif , parce qu'ils allaient dans mon sens. Regarde ces exercices de doigts, encore…Dans un autre illustré, ils se seraient dit que ça n'intéresserait pas les lecteurs alors que dans Pif ils l'ont laissé… Bon, tout ce qui parle de costumes, etc, c'est eux qui s'en occupaient, mais pour le côté pédagogique, j'avais beaucoup de latitude".
J-L M. : j'imagine qu'ils n'avaient pas trop le choix non plus, parce que sur 6 semaines, il fallait un professionnel pour fournir le contenu… Jacques Delord : "Oui, parce que eux, ils avaient une série de gadgets, mais en fait je crois qu'ils ne savaient pas trop quoi en faire parfois… Ils me les ont montrés et j'ai essayé de créer quelque chose à partir de ça. Aujourd'hui ça se passerait sans doute très différemment. Même à la télévision d'ailleurs. A l'époque, je trouvais qu'on travaillait parfois avec des bouts de ficelles mais quand je repense à tout ce qu'on a pu faire… Ce n'est même pas pensable aujourd'hui. Personne ne s'engagerait dans quelque chose d'aussi risqué et pas formaté". Pif-Gadget n° 400
Le contraste entre la magie du gadget et le sujet de la couverture ne pourrait pas être plus grand ! Le Commandant Cousteau est alors (déjà) une immense vedette « écologico-médiatique ». La conclusion des 6 semaines de magie n'est pas tout-à-fait à la hauteur (on ne peut pas parler de « grand final ») et on a même l'impression que la rédaction s'est moins investie dans ce dernier tour de piste magique. Pourtant, il s'agit d'un joli tour en forme d'illusion d'optique. Jacques Delord : "Joli tour avec ces "dominos"... je ne m'en souvenais plus du tout... L'explication est plus technique parce qu'il y a un problème d'angle pour le spectateur et il faut être très rigoureux dans les gestes".
J-L M. : le dessin qui représente le décor de magie, c'est toi qui l'avais soufflé ? Jacques Delord : "Ah non, je ne pense pas. C'est la rédaction qui proposait ça. Tiens, là c'est encore Delphine et mon plus jeune fils Rodolphe. Il était bien trop jeune à l'époque (il devait avoir 4 ou 5 ans) pour faire le moindre tour. En fait, il est né exactement au moment où mon premier livre sortait". J-L M. : J'en reviens à la collaboration avec l'équipe de PIF. On a vraiment l'impression que vous étiez en phase... Jacques Delord : "Ah, tout-à-fait ! C'était des gens très à l'écoute. Il avait vraiment envie de faire une "oeuvre" pour un public qu'il respectaient c'est en tous cas comme cela que je l'ai ressenti. Et c'est ce qu'on peut constater". J-L M. : Il y avait certaines semaines jusqu'à 6 pages de rédactionnel avec toi... Jacques Delord : "Oui, 6 pages, tu te rends compte ? Ce n'est pas aujourd'hui, dans un magazine pour la jeunesse, qu'on me laisserait faire ça..." En guise de conclusion…
J-L M. : Cela fait aujourd'hui exactement 28 ans que tu as participé à ces numéros de Pif. Qu'est-ce que tu en retiens, en revoyant ces images et ce texte ? Jacques Delord : "Eh bien je suis franchement très agréablement surpris par la qualité du travail avec la rédaction de Pif . Je crois bien que je ne changerais pas un mot de mon texte. Dans l'esprit ce n'est pas du tout ringard ni dépassé. Bien sûr, il y a la manière dont on se présente, les vêtements... Je ne m'habillerais sans doute plus comme ça, quoique.... (sourire) En fait, je crois bien que je les rééditerais tel quel !" La dédicace… Jacques Delord a tenu à laisser un mot aux lecteurs de Pif-Gadget :
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