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Mandrake est Mandrake Source : Alessandro Mercuri __ 29 avril, 2013
Mais deux ans plus tard, Hearst se lance dans une guerre féroce contre la marijuana rendant la drogue illégale dès 1937 via la Marihuana Tax Act. En réalité, la campagne de Hearst contre la toxicomanie n'est nullement motivée par un enjeu de santé publique et morale. Elle ne vise qu'indirectement à interdire la consommation de drogue. Son véritable objet est de réduire à néant la culture de chanvre, menace économique de poids dans l'industrie de fabrication de la pâte à papier. En effet, l'empire médiatique de Hearst se double d'un empire forestier et industriel papetier. Le livre puise ses racines dans les arbres. L'essence de la Bible réside dans le papier. La Bible provient du Grec Byblos, ville phénicienne, principale source d'importation grecque de papyrus, la plante et le papier. La Bible est libanaise. Au bord de la mer Méditerranée, la ville du papyrus s'appelle aujourd'hui Jbeil au Liban.
La magie est à l'origine de la grande illusion fictionnelle et spectaculaire du XX ème siècle : le cinéma. 1904, projection cinématographique du film Les cartes vivantes , de Georges Méliès. Méliès est ce réalisateur des origines dont Jean-Luc Godard a pu dire qu'il réalisait des documentaires au contraire des frères Lumière qui eux mettaient en scène des fictions . Vérité de l'illusion. Fiction de la réalité. Précédent ses inventions cinématographiques, Méliès, créateur de l'Académie de Prestidigitation, est aussi reconnu comme un maitre illusioniste, interprétant ses numéros sur la scène du Théâtre Robert Houdin, du nom du fameux magicien, maître en “grandes illusions” : mythe vivant de la magie au XIX ème siècle. Pour Méliès, le cinéma est le prolongement de la magie par d'autres moyens.
En 1939, les studios Columbia Pictures produisent une série B de films à petit budget : Mandrake le Magicien . La version cinématographique semble faire la synthèse des deux personnages. Ici, le super héros aux pouvoirs occultes utilise la magie surnaturelle pour vaincre le mal mais aussi la prestidigitation pour se produire sur scène. L'acteur Warren Hull y incarne un Mandrake à la fois magicien-sorcier doté de super-pouvoirs et comme Leon Mandrake un artiste de music-hall. L'ambivalence du personnage, la magique ambiguïté n'est pas le moindre de ses charmes.
La scène reprend quand soudain autour de l'étreinte des deux amants Marylin et Mandrake, tout s'enflamme et s'embrase. Stupéfait, le réalisateur regarde le couple enlacé à travers un écran rougeoyant et blanchâtre de flammes et de fumée. Les effets spéciaux sont à l'image de la métaphore. La fougue du baiser est littéralement incandescente. Le réalisateur en redemande et souhaite immortaliser un nouveau tour de magie.
… ET VOUS MANDRAKE, VOUS NE LEUR FERIEZ DONC CROIRE
Grâce au spectacle de magie, le spectateur replonge dans les eaux primitives de la pensée archaïque, pré-logique, non discursive, pensée dite magique . Avant qu'il n'apparaisse, défiant les lois de la logique, le lapin peut-être à la fois dans le chapeau et ailleurs, dans les profondeurs du feutre noir et en un autre endroit, au pays des merveilles ou entre les doigts agiles, prestes doigts du presti-digit ateur. Il en va du lapin magique de l'illusioniste comme du chat quantique de Schrödinger qui peut-être à la fois mort et vivant sans être toutefois mort vivant. La magie opère comme dans un rêve où une vision peut signifier une chose et son contraire. Ancestrale magie comme dans les langues archaïques, tel l'Egyptien où un hiéroglyphe comme le mot lumière sert aussi bien à désigner la lumière que l'obscurité. [1]
Résumons le propos mandrakien. Avec Mandrake, point besoin de truc, de trucage ou d'effet spécial, de doubles fonds et de miroirs sans teint car son art, sa magie, se basent sur l'hypnose. Pour transformer une souris en éléphant, nul besoin de souris ni d'éléphant. Que l'action se déroule dans un studio de tournage hollywoodien ou au plus profond d'une mystérieuse et impénétrable jungle africaine, indienne ou sud américaine, quand Mandrake performe, quand Mandrake mandrakise, pour de faux ou pour de vrai, pour l' entertainment ou pour préserver la civilisation de dangereux psychopathes, scientifiques ou gourous pratiquant eux-mêmes avec succès la magie noire, que Mandrake agisse comme acteur de film ou comme sauveur de l'humanité, Mandrake toujours hypnotise. Seule la caméra résiste. “On ne peut hypnotiser une caméra”, dit-il .
L'objectif ne saurait voir l'illusion car ce que Mandrake nous fait voir c'est du “cinéma à l'envers”. Là où la caméra enregistre le réel pour projeter du phantasme, Mandrake lui projette dans l'esprit des spectateurs une hallucination qui ne saurait être enregistrée. L'intense visibilité de l'hallucination demeure invisible pour la caméra. Une fois la pellicule du film développée et la scène de bout d'essai projetée en salle, l'incroyable se produit : rien ne se passe. Nulle magie, ni flamme, ni éléphant, ni souris. La pellicule ne saurait montrer ce que les spectateurs ont cru voir. Par une étrange inversion, la spectaculaire magie, l'hypnotique image est en réalité invisible.
Mandrake le magicien hypnotiseur de fiction tout comme Leon Mandrake-prestidigitateur, le vrai magicien, tous deux nous font croire en faisant semblant : make-believe . La déception sera donc grande et la carrière cinématographique du magicien de fiction in Hollywood bien courte. Mais déjà Mandrake est reparti pour de nouvelles aventures.
Mais, par le plus étrange des mystères, Narda est également le prénom de la première épouse de Leon Mandrake, le vrai magicien. Dans la fiction, la cérémonie de mariage a lieu à Xanadu , demeure high tech où aime se ressourcer Mandrake, le personnage de bande dessinée. Xanadu est une résidence futuriste ultra-design, supra-sophistiquée, hyper-sécurisée aux grilles en fer forgé et persiennes en acier, automatisée, vidéo-surveillée, tapissée de gadgets électroniques, bunkérisée. Comme l'écrivait l'auteur de 2001 l'Odyssée de l'Espace , Arthur C. Clarke : Toute technologie suffisamment avancée n'est-elle pas indiscernable de la magie ? La paranoïa guette-t-elle le personnage de bande dessinée ? Le magicien aux pouvoirs hypnotiques serait-il lui aussi en proie aux angoisses, aux hallucinations et dédoublements de personnalité ? Qu'importe. Car Xanadu est également le nom de la demeure de Charles Foster Kane, le Citizen Kane d'Orson Welles (1941). Kane habite Xanadu , Hearst habite La Cuesta Encantada . Quoi de plus naturel car le modèle bien connu de Charles Foster Kane est William Randolph Hearst. Orson Welles qui lui aussi s'adonnait à la prestidigitation sut transformer d'un coup de baguette magique le magnat des médias en personnage de fiction. Et c'est du haut de son château, allongé au bord de la piscine de Neptune que William Randolph Hearst découvre halluciné les aventures de Mandrake le Magicien.
Aujourd'hui, Mandrake est reconnu comme le tout premier super-héro de l'histoire de la bande dessinée. Sortant d'une lanterne magique, tel un Djinn aux facultés extrasensorielles, Mandrake de nulle part, réapparaît une nouvelle fois, crépusculaire et mélancolique, en 1987, sous les traits de Marcello Mastroianni dans Intervista , l'avant dernier film de Federico Fellini. L'acteur et le réalisateur y incarnent leur propre rôle.
Federico Fellini :
Mandrake le Magicien Historique de la publication La série, créée par le scénariste Lee Falk et dessinée par Phil Davis, a été publiée aux États-Unis par King Features Syndicate (qui a publié notamment Popeye ou Blondie) à partir de juin 1934 sous forme de triptyque quotidien (sauf le dimanche) (Dailies Strip) et à partir du 3 février 1935 sous forme d'une page couleur tous les dimanches (Sundays Strip). En France En France, le personnage est paru d'abord dans les publications de Paul Winkler, fondateur de l'agence Opera Mundi (Robinson, Hop-là!) avant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, ses aventures ont été publiées principalement aux Éditions des Remparts dans divers fascicules dont certaines en Petit format. Il est paru également chez Mon journal, dans les derniers numéros de la revue Janus Stark, ainsi que dans le nouveau Journal de Mickey. Le quotidien France-Soir a publié pendant de longues années les bandes quotidiennes (Phil Davis et Fred Fredericks). Les Éditions Futuropolis ont édité 4 tomes des bandes quotidiennes (1934 à 1937 et 1941 à 1942). Caractéristiques du personnage Mandrake porte le costume classique du magicien de music-hall avec cape et chapeau haut-de-forme. Il lutte contre le mal grâce à son pouvoir hypnotique. Mandrake est, à l'origine, présenté comme un véritable magicien, doté de pouvoirs pratiquement illimités : l'auteur Lee Falk le ramène cependant au bout de quelque temps au rang de simple hypnotiseur (capable cependant de télépathie et de projection mentale), afin que ses exploits n'apparaissent pas trop aisés1. La propriété de Mandrake se nomme Xanadu, et est truffée de dispositifs techniques et de gadgets. Autres personnages Mandrake est accompagné par Lothar, son valet africain, et Narda, princesse européenne. Ils seront rejoints plus tard par Hojo, le cuisinier asiatique, et Karma, la cousine de Lothar (personnages nés sous le pinceau de Fred Fredericks, qui a repris la série après la mort de Phil Davis, en 1964). Dans la série des Défenseurs de la Terre, Lothar n'est plus le valet de Mandrake, mais un aventurier indépendant et un ami ; Mandrake y a comme apprenti un jeune Asiatique répondant au nom de Kshin, et Theron n'est plus son père, mais son mentor. Une partie de l'histoire de ce dernier est narrée dans l'épisode Le Secret du livre des énigmes. Lothar Lothar est le valet africain de Mandrake. Il en est le meilleur ami, dans sa lutte contre le crime. De stature athlétique, au lieu de devenir roi africain des « 7 Nations », il préfère suivre Mandrake lors de leur rencontre au cours du voyage de ce dernier en Afrique. Une statue à son effigie (Lothar, roi de la grande confédération des tribus africaines), a été mise en place (Mandrake no 11), dans chaque village d'Afrique. Réputé l'homme le plus fort du monde, il est invulnérable à toute arme de fabrication humaine, ainsi qu'à la magie. Lothar apparaît aux côtés de Mandrake dès 1934 dans la bande quotidienne inaugurale. Narda Narda est la compagne de Mandrake. Elle est princesse d'un pays d'Europe centrale appelé « Cockaigne », dirigé par son frère ainé Segrid, à la suite du décès de leur mère Isabel, puis de leur père Karl. Elle apparaît quelquefois comme l'assistante de Mandrake le Magicien. Après une très longue liaison, ils se marient en 1998. Narda apparaît aux côtés de Mandrake dès le deuxième épisode de la saga : Le Faucon (Mandrake rencontre Narda). Le vrai Mandrake Un prestidigitateur canadien du nom de Leon Mandrake a connu une très grande popularité en Amérique du Nord des années 1930 aux années 1980. Il semble que Lee Falk n'ait pas entendu parler de Leon Mandrake et que ce soit un hasard, mandrake signifiant en anglais Mandragore, un bon nom pour un magicien. Cependant, après avoir rencontré Leon Mandrake, Phil Davis a modifié le dessin de son personnage pour que les deux Mandrake se ressemblent. Adaptations cinématographiques Il y eut en 1939 un « serial » — série à suivre de films de 30 minutes proposée en avant-programme — intitulé Mandrake the Magician. Très librement adapté (et assez éloigné) du personnage originel, ce Mandrake était surtout une sorte de détective. Il était interprété par Warren Hull (en). Par la suite, Federico Fellini, grand amateur de bandes dessinées et de magie, chercha à le porter à l'écran, mais sans succès. Marcello Mastroianni devait interpréter le personnage du magicien en cape et haut-de-forme. Ce projet n'aboutira jamais, mais Mastroianni porte ce costume — en guise d'hommage — dans le film Intervista. Il apparaît aussi dans Les Défenseurs de la Terre où le héros fait équipe avec Flash Gordon, Lothar, Le Fantôme et leurs enfants (série d'animation des années 1980-1990). Références et hommages Le chanteur compositeur français Claude François rendit hommage au magicien Mandrake dans l'une de ses chansons intitulée, Le Magicien, dont il a composé les paroles et la musique en 1968. Dans la série Zembla, Rasmus est un magicien maladroit qui fait implicitement référence à Mandrake. Le rappeur américain MF DOOM a donné le nom du personnage à l'un de ses titres. Dans la série de Jonathan Stroud Trilogie de Bartiméus, le personnage principal, magicien, se nomme Mandrake. Dans le film Les Parasites, Oulage Abour se déguise en Mandrake. Dans le film (1964) Dr. Strangelove de Stanley Kubrick, l'un des trois personnages interprété par Peter Sellers est le capitaine anglais Lionel Mandrake. Controverse avec Mandriva Linux sur l'utilisation du nom Mandrake En France, la société Mandriva Linux avait initialement choisi le nom Mandrake Linux pour son produit phare, avant de devoir y renoncer à la suite d'un procès[réf. souhaitée]. |