Historique de la magie

Arturo de Ascanio

Arturo de Ascanio disait :"Un magicien doit savoir de qui il a hérité son art". Voilà donc un bref regard sur le passé si vaste du monde magique et de ses acteurs. Vous découvrirez ou redécouvrirez des moments arrachés à l'oubli menaçant, auxquels les magiciens ne s'intéressent malheureusement que très peu.

     
Bref historique de la magie

Le premier magicien mentionné dans les écrits (Papyrus de Westcar conservé au musée d'art égyptien de Berlin-Charlottenburg) est égyptien, il s’appelait Dedi de Dedsnefru (ou Meïdoum), était magicien de la Cour du Pharaon Kheops et a vécu environ en 2700 avant J.C. (il décapitait une oie, un canard et un bœuf et... leur rendait leurs têtes).
Les prêtres égyptiens utilisaient des techniques de mécanique et de physique pour simuler des dons surnaturels, par exemple, l’ouverture automatique des portes des temples.

Bien plus tard s’est développée la magie du spectacle : un des tours de prestidigitation les plus anciens est le fameux tour des balles et des gobelets (il a résisté vaillamment à l'épreuve du temps). Les tours de pièces, de dés, puis plus tard de cartes (au XIVème siècle pour ces dernières) ne sont apparus qu’au Moyen-Age et complétaient les numéros de jonglerie, de dressage et d’acrobaties sur les places publiques, dans les fêtes ou chez les riches.

Mais à la fin de cette période de tours de passe-passe, les magiciens sont soupçonnés de sorcellerie, de commerce avec le diable... et sont condamnés à mort. 
La distinction entre tours d’adresse et sorcellerie ne se fait qu’à partir de 1584, quand un anglais (Reginald Scot) publie un livre intitulé "The Discoverie of Witchcraft" (dans lequel il dévoile de nombreuses passes) dans le but de convaincre le roi d’Ecosse (Jacques I) qu’il était injuste de condamner des artistes.

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En France, un livre est publié aussi la même année : "La première partie des subtiles et plaisantes inventions" par J. Prevost. Ces livres dévoilant les secrets pour la bonne cause annoncent le début de la substitution du terme de "physique amusante" à celui de "magie" (qui était un mot équivoque qu'on apparentait à la sorcellerie, beaucoup d’illusionnistes prendront ainsi le titre de "physicien".

La magie devint à la mode au XVIIIème siècle et bientôt les spectacles de prestidigitation se firent dans des théâtres (plus dans la rue) construits seulement à cet effet. Cela favorisera la création de trucages de la scène (des trappes, des appareils cachés derrière les rideaux...) dont la "magie moderne" fera bon usage notamment grâce à un français :

Robert Houdin (Jean Eugène Robert, né le 7 décembre 1805 à Blois et mort le 13 juin 1871). Ayant entrepris une carrière d'horloger comme son père, il fabriquera d'incroyables automates utilisant les principes de la mécanique et de l'horlogerie. Le style de Robert Houdin, entre élégance et ingéniosité, ouvre les portes de l’âge d'or de la magie... cela devient un art à part entière. Il ouvre son propre établissement, le "Théâtre des Soirées Fantastiques" et donne sa première représentation en 1845... les parisiens accourent pour voir son spectacle et il est demandé dans les cours des souverains étrangers. Il sera envoyé en Afrique pour montrer aux fakirs et aux marabouts que la magie française est supérieure à la magie des fakirs. Pour absolument tout savoir sur Robert-Houdin, reportez-vous à un des meilleurs livres consacrés à la magie : "Robert-Houdin, une vie d'artiste" par Christian Fechner (2002). Une mine d'or.

La prestidigitation (clic) connaît à cet époque (fin du XIXème siècle) beaucoup de grands magiciens : Les Herrmann, Maskelyne (qui crée le "Mystery Hall" à Londres)... les grandes illusions se développent... Houdini (le "Roi de l’évasion"), Robinson (mort pendant le tour de la cible vivante !), Horace Goldin (inventeur de la femme coupée en deux), Kalanag, Robert Harbin (inventeur de la femme zig-zag)...
Entre chaque grande illusion, les artistes font de petits numéros devant le rideau avec des cordes, des foulards, des cartes, pour avoir le temps d’installer le matériel de l’illusion suivante, et petit à petit ces petits numéros deviennent un spectacle à part entière... avec Howard Thurston, Cardini, Thomas Nelson Downs (le "Roi des pièces")... et l’arrivée du close-up (mot venant du cinéma "gros plan") : la magie rapprochée.

La génération des "Maîtres" en fera son affaire entre les mains du "Professeur" Vernon, des rois de la misdirection Tony Slydini ou John Ramsay (celui qui reste connu pour sa seule subtilité de tenue de pièce à l'empalmage des doigts), d'Arturo de Ascanio, de Johnny Thomson ("The Great Tomsoni"), de Fred Kaps (le plus grand magicien du monde...), d'Albert Goshman, du manchot argentin René Lavand... tant et tant de grands noms...

Toutes ces sortes de magie trouvent un nouveau terrain d'accueil : la télévision. David Copperfield aligne show sur show aux Etats-Unis avec toujours plus de succès bientôt suivi par les jeunes loups comme David Blaine qui inventent ou ré-inventent la magie de rue... Paul Daniels en Angleterre et Juan Tamariz en Espagne sont de véritables stars tandis que Gérard Majax, puis Bilis et Mirouf s'arrachent ce qu'il reste de la réputation de la magie en France...