Aux origines de la prestidigitation |
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Robert-Houdin, dans ses "Confidences" rapporte l'histoire de l'expression de "prestidigitateur" : elle nous vient de Jules de Rovère en 1815, qui cherchait une "appellation qui s'accorderait mieux à ses nobles origines", pour remplacer les titres d'escamoteur ou de physicien. Par changement de suffixe, "prestidigitateur" a produit "prestidigitation" (et non l'inverse). L'affiche annonçant pour la première fois une séance de "prestidigitation" en donnait également l'étymologie, qui est la suivante : • l'adjectif "preste" est emprunté à l'italien "presto" (agile) Prestidigitateur et prestidigitation sont attestés pour la première fois en 1823 (Dictionnaire historique de la langue française). En revanche, le mot n'apparaît dans le Dictionnaire de l'Académie française qu'en 1878 et non en 1835, ce qui est assez surprenant. L'ouvrage n'est d'ailleurs pas très bavard dans sa définition de 1878 : "Celui qui fait des tours de gobelet, escamoteur" Il est intéressant de noter que dans le dictionnaire de 1932-1935, la définition abandonne l'histoire des gobelets pour ne garder que : "Celui qui fait des tours d'escamotage" La citation par le Grand Robert de la "Clinique du langage" de A. Thérive est intéressante : "On nous permettra de clore la série par un mot (...) qui est le plus bouffon de tous : c'est prestidigitateur. On avait à naturaliser le terme italien de prestigiatore qui est l'équivalent de prestigeur, en somme : faiseur de prestiges, illusionniste (...) On a forgé ce cocasse mot latin où il s'agit de doigt (digitus), en gardant un élément preste qui est italien. Et le mot a fait fortune (...)" |